Histoire de la paroisse

Avant la révolution française, les communes n'existaient pas. La plus petite communauté locale était la paroisse. L'abbé Behra, dans "Histoire de Dannemarie", relate la création de la paroisse de Retzwiller (en fait sa création en tant que succursale de la paroisse de Dannemarie).

 

Depuis 1251, date à partir de laquelle apparaît le nom de Ratierwiller jusqu'en 1793, le village de Retzwiller et une annexe de la paroisse de Dannemarie.

 

Le culte de St Antoine est très répandu dans notre région et, bien avant la Révolution, les habitants de Retzwiller avaient construit une chapelle en son honneur, en dehors du village, non loin de ce qu'on appelle la cité. Cette chapelle est déjà mentionnée en 1671 mais la messe n'y était pas célébrée. C'était jadis un pèlerinage très populaire dans le Sundgau et notamment pour les paysans de la vallée de la Largue qui venaient invoquer le "Sautoni" pour la protection de leur bétail. On lui demandait également la guérison des maladies de la peau, du scorbut, de la peste, de la gale, des furoncles et des varices.

 

Un ordre de chevalerie fut fondé en 1383 en son honneur et transformé plus tard en confrérie pieuse. Leur insigne était un tan en forme de T auquel était suspendu une clochette en or ou en argent. Les Antonites élevaient des porcs qui avaient le privilège de circuler partout mais qui devaient porter au cou une clochette. Les habitants les traitaient favorablement en leur réservant les déchets. Le vol d'un "porc de Saint-Antoine" était considéré comme un crime.

 

En 1772, le visiteur canonique, envoyé de l'évêque, alla visiter la chapelle et constata son état de délabrement malgré d'importants revenus provenant de fondations pieuses et d'offrandes annuelles. La chapelle était souvent la cible de pillages. Lorsqu'en 1776 elle fut fermée par des lattes car son état ne garantissait plus la sécurité des fidèles, la décision de la reconstruire plus dignement au centre du village fut prise.

 

En 1780, le transfert avait lieu et l'évêché donna même l'autorisation d'y célébrer la messe. Les habitants demandèrent à l'évêque de faire bénir leur chapelle et la cloche qu'ils venaient de faire fondre. La requête fut signée par Jean Abt (1750-1980), Joseph Scherer (1751-1810), Henri Friedrich (1747-1817), Jean Wickert (1742-?), Joseph Zeltner (1753-1828) et Jean Bittighofer (1744-1828).

 

En 1841, lorsque la municipalité de Dannemarie décida d'agrandir son église devenue trop petite, l'idée de l'indépendance germa à Retzwiller. Cette indépendance était demandée pour le culte et pour l'instruction primaire. Les premières requêtes à l'administration restèrent tout d'abord lettre morte.

 

Deux ans plus tard, en 1843, une lettre fut adressée au préfet par laquelle on y faisait état des difficultés rencontrées par les Retzwillerois pour atteindre Dannemarie. C'était surtout difficile pour les invalides désirant aller à l'église et dangereux pour les enfants lorsqu'il s'agissait de se rendre au catéchisme. On mettait aussi en évidence l'existence de la chapelle qui pouvait être agrandie pour en faire une église. Le financement fut prévu : il suffisait de reporter les sommes que Retzwiller donnait à la paroisse de Dannemarie et de les affecter au culte dans le village.

 

Le 19 octobre 1846, l'évêque de Strasbourg avertit le curé de Dannemarie de l'imminence de la séparation. Le Conseil de Fabrique de Dannemarie entérina la décision par une délibération et le 5 décembre 1848, par autorisation du Président du Conseil des Ministres, nommé de Cavaignac, la commune fut érigée en succursale.

 

Retzwiller devint une paroisse en 1848 sous le vocable de Saint-Antoine abbé et de Saint-Roch comme second patron. En 1849 on démolit le choeur de la chapelle. Sa nef devint le choeur de la nouvelle église, plus spacieuse.

 

Plus tard, le 9 mai 1851, le Conseil Municipal de Retzwiller vota l'agrandissement de la chapelle et la remise en état de la maison curiale. Les habitants conduisirent les matériaux à pied d’œuvre.

 

L'église abrite une statue polychrome baroque de Saint-Roch (invoqué pour la protection contre les maladies du bétail) qui proviendrait du couvent de Valdieu et une statue de Sainte Odile. Les vitraux proviennent des ateliers Yves Ruhlmann à Mulhouse (1952). Il existe encore dans le clocheton de l'église actuelle une petite cloche dédiée à Saint-Antoine et qui provient de l'ancienne chapelle démolie.